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Libération
Critique

Une femme sous influence

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Paris Première, 21 h
publié le 14 septembre 2000 à 4h19

Le génie de Cassavetes, si génie il y a, ne s'envisage qu'immature, ivre, abruti. Il y a mieux, évidemment, comme ambition de cinéaste, que ces reportages à vif sur

des écorchés de la vie, ce maniérisme entropique qui conduit à creuser l'énergie pure aux dépens de la profondeur des personnages ­ un fonds de commerce qu'exploitera plus tard

un certain Martin Scorsese (After Hours, son seul film personnel, c'est-à-dire scorsesien, ne parle que de ça). Il y a une trentaine d'années (à cause de ces défauts-là, de cette tentation irrésistible d'être à chaque fois plus «entier» que les autres, d'y aller à tous les coups d'un nouveau portrait de l'artiste en chien fou), on aurait dit : cinéaste mineur, cinéaste off Hollywood, à ranger aux côtés de Jonas Mekas, Shirley Clarke, Andy Warhol et compagnie. Aujourd'hui, alors que le «cinéma» mincit à vue d'oeil (on s'attend à tout moment à ce que Spielberg s'allie avec Lego et Sony-Playstation pour racheter Hollywood, ciné et télé dans le même panier, à bas prix), les bricolages cassavetiens deviennent de plus en plus précieux. Pour un peu, ils passeraient pour de l'art à côté des tours de cochon de ses disciples, à peine sortis du collège, une caméra vidéo miniature en guise d'implant troisième oeil. Du beau cycle Cassavetes sur Paris Première, on retiendra Une femme sous influence, merveilleux abâtardissement qui sera bientôt sublimé dans Opening Night, Gloria, Love Streams, grands mélos tardifs à fleur de peau, longtemps méprisés par le