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Libération
Critique

Jimi Hendrix at the Isle of Wight

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Canal Jimmy, samedi, 1 h.
publié le 16 septembre 2000 à 4h27

Le 31 août 1970, Jimi Hendrix se produit au festival «pop» de l'île de Wight. Il est 3 heures du matin, il fait froid, la foule est lasse. C'est la dernière grande apparition publique du jeune homme: dix-huit jours plus tard, il succombera à Londres d'un abus de divers cachets. Pendant 55 minutes, trois caméras traquent Hendrix sous tous les angles. On ne voit jamais le public, et à peine les deux tâcherons qui composent la section rythmique (Mitch Mitchell et Billy Cox). On tient là un portrait cadré serré d'un condamné à mort. Alors, évidemment, le spectateur ne peut s'empêcher de guetter tout au long du film de Murray Lerner quelque image prémonitoire, quelque signe avant-coureur de la fin prochaine.

D'abord, on s'attend à rencontrer un Hendrix défoncé jusqu'à l'os. Mais non: le garçon (27 ans) est lucide, un peu nerveux même. Quelque chose semble l'agacer, mais quoi? La sono qui flanche, le retard pris par le concert? Sans doute, mais pas seulement. Le guitariste enquille mécaniquement des morceaux rabâchés. Même sur Red House, il finit ­ après tout de même quelques minutes passionnantes ­ par aligner des figures de blues très syndicales. Jimi houspille le public anglais. Avant de servir un God Save the Queen à la sauce Star Spangled Banner à Woodstock», il dit: «Levez-vous et chantez. Et si ça ne vous plaît pas, allez vous faire foutre!» Hendrix s'emmerde, il fait son boulot. Sauf peut-être sur Voodoo Chile, qui ranime brièvement la flamme. A sa manière désinvolte, le ga