Dès le premier plan, on l'entend plus qu'on ne la voit, le visage emprisonné dans une énorme barbe de glace. «C'est impossible... C'est infernal... J'ai fait trois kilomètres en dix heures et il m'en reste 2 800. Il fait - 45°. Je ne sens plus mes pieds.» Laurence de la Ferriere a mis deux mois et demi pour relier, à pied et à skis, le pôle Sud à la côte Est du continent Antarctique, en terre Adélie, 3 000 km plus loin. Laurence a filmé sa traversée, Jean-Gabriel Leynaud, le réalisateur, y a ajouté des images tournées dans les stations polaires. Il y a dans ce documentaire comme un arrière- goût de Jo Le Guen, qui, lui aussi, avait sorti la vidéo de sa traversée avortée du Pacifique Sud à la rame. Mais alors que le documentaire du marin télescopait, sans autre commentaire, les prises de vue de sa caméra embarquée, brutes, violentes, Laurence revient en voix off sur son expédition. Sur cette volonté, vaine, de justifier un pari fou. «Je n'ai pas envie de faire un exploit. Je veux juste montrer des choses que personne n'a jamais vues. Ce n'est pourtant pas prétentieux. Pourquoi je n'y arrive pas?» Malgré le gel qui grignote l'objectif, Laurence filme les hauts et les bas. Son découragement quand le vent ne souffle pas: «Au rythme où je vais, il me faudra deux ans pour arriver.» Le danger, quand, sur la côte Est, ça peut souffler à plus de 300 km/h. Jusqu'à cette scène terrible, à laquelle on n'assiste qu'à travers les yeux du Norvégien Kjell, en liaison permanente avec Laurenc
Critique
L'enfer de la Ferriere
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par Sonya Faure
publié le 16 septembre 2000 à 4h27
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