Pour les spectateurs de cet épisode inaugural de la deuxième saison qui auraient ignoré la première, l'entrée en matière est déconcertante. Sur cinq minutes d'It Was a Very Good Year de Sinatra, ils sont embarqués dans la mélancolie sans illusion d'un monde qu'ils ne connaissent pas et dont il ne subsiste que les échos. Il leur faut juste savoir que Tony Soprano, potentat local et contesté de la mafia de Newark, connaît une crise intime qui le conduit sur le divan, et, par suite, à la mise en question de la sacro-sainte Famille dans laquelle tout Italo-Américain catholique, de surcroît mafieux, est immergé. De sa mère tyrannique et malade, qui va jusqu'à souhaiter sa mort, aux rapports silencieux et un brin autistes qui règnent à son domicile, en passant par les codes figés des hommes qui gravitent autour de lui.
De l'ironie produite par le léger décadrage qu'imprime la psychanalyse à ce monde viril et peu disert, cette formidable série joue évidemment à plein. Mais la comédie est rattrapée par la densité humaine qui se dégage de ce précipité, fait d'événements menus et étreignants.
Dans la forme comme dans le fond, la série est irriguée de multiples et fameuses références de cinéma. Ici, pourtant, les personnages ne sont plus drapés de l'aura mythique d'une mafia, même splendide et décadente, telle que Scorcese ou Coppola l'avaient mise en images. Ils sont aspirés au contraire dans le tourbillon paisible de la déception, de la mise à nu, du vieillissement. Newark n'est pas Ne