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Libération
Critique

Les Ensorcelés

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20 h 45, TCM.
publié le 22 septembre 2000 à 4h36

On invoquait, pas plus tard qu'hier, le minimalisme communicatif de Leopard Man, exemple d'un cinéma oublié, d'un art inimitable, à même de donner à un cinéaste d'aujourd'hui un exemple esthétique, lui aussi minimal, une rigueur, une espèce d'enthousiasme moral, d'éthique, là où Renoir, pour prendre l'exemple d'un grand cinéaste, ne communique rien. Par une délicieuse coïncidence, on peut découvrir aujourd'hui un beau film de Vincente Minnelli, les Ensorcelés, qui met en scène métaphoriquement le tournage de Cat People, film jumeau de Leopard Man, lui aussi mis en scène par Jacques Tourneur sous la houlette de Val Lewton, producteur de génie qui lui commanda un troisième chef-d'oeuvre B, I Walked With a Zombie, l'aidant ainsi sans le savoir à élaborer son système antinaturaliste de représentation du réel et des fantômes (on y reviendra bientôt, les Editions Montparnasse annonçant pour le 18 octobre l'intégrale en DVD des productions Val Lewton/RKO).

Les Ensorcelés (1952) sont une variation hollywoodienne sur un film tourné deux ans plus tôt, l'Eve de Mankiewicz. En trois flash-backs successifs, Minnelli reconstitue la saga professionnelle et amoureuse d'un producteur exalté (Kirk Douglas, impeccablement à côté de la plaque), homme brutal et mégalo, plus proche de Selznick que de Val Lewton, auquel il est fait référence dans le dernier flash-back. Acteurs remarquables: Walter Pidgeon, Gloria Grahame, et surtout Lana Turner ­ actrice plus frigide à l'écran que dans la vie, homm