Avant ses mélodrames hollywoodiens, le Secret magnifique, Tout ce que le ciel permet, Ecrit sur du vent, belles déclinaisons post-sternbergiennes avec un certain Rock Hudson en guise de Marlene Dietrich, Sirk s'essaye sous son vrai nom, Detlef Sierck, à quelques approximations allemandes du genre sentimental qui allait faire sa gloire. L'ami Lourcelles, dans son Dictionnaire du cinéma (Bouquins/Laffont), le meilleur dictionnaire au monde avec celui de David Thomson (A Biographical Dictionnary of Film), considère La Habanera et, dans une moindre mesure, Paramatta, bagne de femmes (22 h 10) comme des mélodrames déjà parfaits. On n'argumentera pas sur ce point, la véritable question étant plutôt de cerner la place exacte de Douglas Sirk dans l'histoire du cinéma. Génie, grand cinéaste, petit maître ? Du côté de chez nous, exception faite des deux chefs-d'oeuvre tardifs, la Ronde de l'aube (Pylone), dont la perfection pédé vaut largement celle du roman de Faulkner, et Imitation of Life, avec cette extraordinaire fureur entropique qui excède de loin celle de la version originale de John Stahl, on n'a jamais tenu Sirk pour un très grand cinéaste. D'ailleurs,
la sentimentalité débridée, honteuse, sublimement hors style, du remake sirkien d'Imitation of Life n'aura jamais
la rigueur de l'original. Querelle de cinéphiles ? Chipotages de spécialistes ?
Et si le cinéma, au fond, n'était que prétexte à raconter des histoires, des ragots ? Histoires sur le cinéma, histoires de cinéma, Histo