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Libération

Le patron de l'AFP jette l'éponge.

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publié le 27 septembre 2000 à 4h46

«J'irai jusqu'au bout de mon mandat», répétait Eric Giuily à ceux qui l'interrogeaient, ces derniers mois, sur son avenir. Le président de l'Agence France-Presse (AFP) n'aura pas tenu son pari. Il a démissionné hier soir. Elu en mars 1999, pour trois ans, il n'aura tenu qu'un an et demi à la tête de la troisième agence de presse mondiale. Contesté par une partie du personnel, lâché par l'Etat, peu soutenu par les éditeurs de presse, il a décidé de jeter l'éponge.

Lourds investissements. Depuis trois mois, il conduisait une négociation difficile avec le gouvernement et la presse nationale et régionale, détenteurs du pouvoir au conseil d'administration de l'agence. Le développement de l'entreprise dans le multimédia, expliquait-il en substance, implique de lourds investissements. Pour les financer, il faut présenter un budget 2001 en déficit de 100 millions de francs, et emprunter 500 millions sur deux ans. Mais voilà: le statut de l'AFP, datant de 1957, interdit de présenter un budget en déséquilibre, et limite étroitement ses capacités financières. Pour passer outre cette interdiction, Giuily avait besoin du feu vert du gouvernement. Ce qui lui a été refusé. Il espérait le soutien de la presse: elle s'est dérobée. Jugeant qu'il n'avait plus les moyens de ses ambitions, le président de l'AFP a aussitôt remis sa démission. A vrai dire, le sort d'Eric Giuily était scellé depuis plusieurs mois. L'homme est brillant, mais brutal. Il a une vision stratégique, mais il supporte mal l