Drôle d'idée de faire un film sur Van Gogh. Un grand cinéaste, Vincente Minnelli, et un petit maître français, Maurice Pialat, s'y sont essayés avec des fortunes diverses. Le Van Gogh de Pialat est un remords naturaliste de peintre raté. Comme Gainsbourg, auquel il ressemble parfois, Pialat a commencé par peindre. Lui aussi s'y est cassé les dents. L'un des plus mauvais acteurs français, Jacques Dutronc, se fait pour l'occasion la gueule du peintre le plus surestimé de l'histoire de la peinture, Van Gogh. Elsa Zylberstein joue une coquette du Sentier égarée au siècle dernier, ou presque. Erreur de casting, erreur d'époque, fiasco. La Vie passionnée de Vincent Van Gogh est autrement intéressant. D'abord, l'effort mimétique de Kirk Douglas pour ressembler à Vincent est plus stylisé, plus distancié, plus hollywoodien, plus convaincant. D'avoir Anthony Quinn, l'acteur le plus sous estimé de l'histoire du cinéma, en Gauguin n'est pas non plus un détail insignifiant.
Vincente Minnelli, homme d'un mauvais goût exquis (ses costumes jaune citron tardifs éblouirent Deauville il y a une quinzaine d'années), était par ailleurs un grand coloriste, toutes ses comédies musicales le prouvent. Se souvenir des délires impressionnistes d'Un Américain à Paris, parcourir la chorégraphie complète, de Meet Me in St Louis (1944) à Gigi (1958), en passant par Yolanda et le voleur, Ziegfeld Follies, le Pirate. Danser sur la palette avec Tous en scène et Brigadoon (un rêve en Anscolor signé Joseph Rutt