Les attachés de presse sont sur les dents, M. Yves, le portier, fait les cent pas. Quelqu'un lâche: «Peut-être que ça va bien se passer... On n'en sait rien après tout.» C'est qu'aujourd'hui l'enregistrement du Club n'est pas banal: «Carte Blanche à Alain Delon». Il devait accorder des interviews, il ne veut plus. A la poignée de journalistes venus malgré tout, on glisse d'un air mal assuré: «Peut-être qu'après l'enregistrement... On ne sais jamais...» Il arrive, justement. Serre deux, trois mains, l'air débordé. Entre dans les loges. Jean-Jacques Bernard, chroniqueur multicarte, est euphorique, sautille d'un pied sur l'autre, tripote nerveusement son noeud de cravate. On gagne le plateau. Les quatre intervieweurs reclassent machinalement leurs fiches. Silence religieux. Delon, ironique: «On fait une prière ou quoi?» Jean-Jacques Bernard se jette à l'eau: «Je vous avoue qu'on a un peu les fouettes...» Jean Ollé-Laprune donne le ton de l'émission: «Plein soleil est le meilleur film que j'aie jamais vu!» Delon, sans se démonter: «Eh bien, vous le direz tout à l'heure. Parce que, moi, je ne souhaite pas parler de moi...» Dans l'enthousiasme, Jean-Jacques Bernard s'emporte: «Et quand j'étais petit, la Tulipe noire!» Delon: «Là, vous êtes irrévérencieux, vous n'étiez pas si petit...» Cette fois, ça y est, la caméra tourne. Pour peu de temps: le micro de Christine Haas ne fonctionne pas. L'acteur détend l'atmosphère: «Melville disait que, sur un plateau, dès qu'il y a une femme, c
Critique
Delon et «les irrévérencieux»
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par Sonya Faure
publié le 4 octobre 2000 à 5h02
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