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Libération

Dans l'ombre

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publié le 6 octobre 2000 à 5h07

Il est tard, les yeux de Chirac disent la fatigue. Le Président a son ton mécanique, ses bras secs et son regard saccadé. Quoi qu'il dise, c'est toujours à la Chirac. Il est minuit passé, jeudi matin. France 2 nous montre l'exténué trouvant la force de s'adresser à nous et au monde. Pour nous dire que, dans la journée, le dialogue israëlo-palestien a été «restauré». Un mot pour Barak, un mot pour Arafat, un mot pour Albright, et puis la conclusion: «Ils se sont assis autour d'une même table. C'est un pas considérable qui devrait permettre le retour au calme à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem.» Mais, soudain, un incident technique. Un terrible contre-jour. Chirac dans le noir, Jérusalem aveugle. Quelques secondes sombres. Comme si le projecteur ne croyait pas plus que Chirac à ce «retour au calme». Comme si le machiniste, pris d'un doute, avait coupé la lumière pile sur le mot crucial ­ Jérusalem ­ pour la rallumer peu après. Plus tôt, dans la soirée, un autre incident. France 2, toujours, mais dans le JT de Sérillon cette fois. La chaîne est allée à la rencontre d'une colonie juive dans la bande de Gaza. Patrouilles militaires, barbelés, dunes artificielles et, derrière, des pavillons fleuris. «Mille cinq cents familles habitent là, nous disent les reporters, dans une incroyable insouciance, presque bucolique.» Une fillette fait la fillette, un bébé mâche sa tétine, et une dame concède: «Je ne les vois pas, les barbelés. Moi, quand je me lève, je vois la mer, les palmiers.