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Libération
Critique

The Shanghai Gesture

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Cinétoile, 21 h 05.
publié le 6 octobre 2000 à 5h07

On verra ce film au moins quatre fois. Pour Victor Mature, superbe acteur injustement oublié, surfant à des années-lumière de ses clones body-buildés, belges ou américains, même pas dignes d'être la Dalila de ce sublime Samson. Pour Walter Huston, le père de John, immense comédien qui n'est pas qu'hustonien, loin s'en faut.

Pour Josef von Sternberg, petit juif new-yorkais (Joe Stern) qui s'inventa des antécédents aristocrates avec un aplomb de cinéaste, avant d'apothéoser sa carrière de Marlene Dietrich boy par deux merveilles, The Saga of Anatahan (1953), seul film expérimental hollywoodien,

et par certaine porte gravée à laquelle il consacra, loin des regards cinéphiles qui salissent les films, ses dernières forces et ses dernières années. Mais c'est pour Gene Tierney, pour elle seule, qu'on verra The Shanghai Gesture. Pour elle, amoureuse des princes de passage, princesse des back-rooms, fétiche prémingérien.

Tous les timides se sont reconnus dans l'imperméable de Dana Andrews.

Ils se sont glissés dessous. Ils se sont branlés à mort, hors champ comme lui, évidemment, devant le portrait rêveur de Laura en vicieuse immaculée. Cette fille superbe, lisse comme du marbre, a ébloui Lubitsch, Lang, Preminger, Mankiewicz et, surtout, John Stahl avec Péché mortel, son plus beau film, à elle comme à lui, celui qui éclabousse Hollywood de regrets éternels.

La brume s'efface, quelques images lui reviennent. Les a-t-il rêvées ou apprises par coeur dans une salle sordide des Grands Boulevar