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Libération
Critique

Prisons: le cas Lucas

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«Carnets de prison: Claude Lucas». France Culture, «Radio libre», samedi de 15 h à 17 h 30.
publié le 7 octobre 2000 à 5h09

Claude Lucas est sorti de prison, ce «quelque chose qui vous vide de l'existence», en janvier. Geneviève Crouzet et Jacques Taroni étaient là, micro tendu, pour assister aux premières bouffées d'air enivrantes de l'auteur de Suerte (Plon). «C'est l'un des livres les plus importants de ce demi-siècle sur la prison», affirme Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit. Le micro se balade deux heures et demie durant, tente de faire le tour de la vie de ce braqueur longtemps surnommé «l'Abbé» qui continue de se manifester avec une remarquable pudeur. Mais qui est-il, cet écrivain qui lit ses écrits avec tant d'ardeur?

L'histoire de Lucas est celle d'une rédemption par l'écriture: «Ecrire, c'est résister et refuser qu'on vous nie.» Sa vie avait pourtant mal commencé, en 1943. Fruit d'un adultère, il est placé en nourrice dès sa naissance. Ses parents se suicident au gaz quand il a 18 mois. A 15 ans, on lui apprend comment ils sont morts. Première tentative de suicide, renvoi du collège, fugue, vols, braquages à main armée. Et vingt ans de prison. Il écrit Suerte en Espagne, roman de sa vie: «Lorsque je braquais ou préparais un braquage, non, je ne "jouais pas au gangster" à proprement parler [...] Ce que je jouais en fait était le refus de jouer, le personnage que j'incarnais était la négation de tous les personnages.» L'histoire de Lucas est aussi celle d'une rédemption par la philosophie de Levinas (il a passé son Deug de philo en prison).

Le prisonnier s'interroge sur la sociét