Rêver. Longtemps qu'au cinéma on ne rêve plus. On crie,
on pop-corn, on emballe, mais on ne rêve plus. A la télé peut-être deux ou trois jeunes filles prépubères se laissent-elles aller à des désirs humides pour quelque boys band décalé, deux ou trois Friends, une Angela de leur âge, un docteur Ross. Dans une autre époque, autre rêve, maman s'offrait un exil exotique avec la Petite Maison dans la prairie, pendant qu'oncle David s'imaginait nageant avec son dauphin, le temps de deux ou trois étreintes interdites. Douces caresses, douce époque, c'est toujours mieux avant. En ce temps-là, la véritable fille de Flipper, l'étudiante Noémie Lvovsky, tournait dans des films gentiment cinéphiles (ou cinéphobes, qui sait?) pour voir comment c'est de faire l'actrice, ou pour draguer gentiment un jeune cinéfou, le temps d'une romance à demi-mots.
Si on ne rêve plus, il n'est pas interdit d'essayer. Noémie Lvovsky, plus vieille aujourd'hui de dix ou douze ans, retrouve dans la Vie ne me fait pas peur les trois ou quatre filles prépubères dont on parlait plus haut. Véritable juke box d'images, post-scriptum inattendu à Tous les garçons et les filles de mon âge, la belle série initiée par Chantal Poupaud, la Vie ne fait pas peur braque des projecteurs hystériques sur quatre filles qui ne le sont pas moins. Si Jane Campion n'avait inventé, à elle seule, le portrait criard d'un trio de fillettes en analyse schizo-photographique (A Girl's Own Story, 1985), le mélodrame gamin de Noémie L. ferai