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Libération
Critique

Vrai bouillon de culture

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«La Revue», Arte, 22 h 45.
publié le 9 octobre 2000 à 5h09

Créer une émission culturelle ambitieuse peut s'apparenter à un parcours du combattant. Les pièges (plateaux de promo ou élitisme de salon) sont connus. A peu près toutes les productions actuelles sont tombées dedans. Sauf si on prend le parti de les ignorer. C'est cette voie que choisit La Revue. La chose, surprenante et protéiforme, n'est identifiable à rien de connu. Un invité (ici, le couturier Christian Lacroix) parle de son travail de créateur. Bonne surprise: ce personnage (pivot de l'émission) a du temps. Jean-Pierre Limosin, le réalisateur, le laisse s'exprimer, tâtonner, jusqu'à ce que petit à petit, il en arrive à casser progressivement l'image de «couturier Côté Sud» qui lui colle aux basques. «La mode, explique-t-il, est censée exprimer quelque chose de personnel qui doit être partagée par tous. Je crois que je n'ai toujours pas compris.» Sur le fil rouge de cette discussion viennent se greffer de manière (apparemment) aléatoire une série d'interventions finement reliées les unes aux autres. Alors que Lacroix, pour expliquer comment il renouvelle son inspiration, parle de son «instinct de chasseur», déboule neuf minutes d'un court métrage expérimental et halluciné de l'Autrichien Peter Tscherkassky. Une femme traquée s'enferme dans une villa. Les murs et les objets explosent devant elle. L'image se zèbre de flashes. Le tout finit dans un montage apocalyptique où la pellicule finit par manger l'écran de télé. Puis, son auteur, limpide, nous éclaire sur la méthode