Enarque de 56 ans peu connu du grand public, Bertrand Eveno a connu une double carrière. La première a été politique: après avoir été le collaborateur de Simone Veil au ministère de la Santé, il est, de 1978 à 1981, le directeur de cabinet de deux ministres de la Culture successifs, Jean-Philippe Lecat et Michel d'Ornano. Un bref intermède dans l'industrie (notamment chez le chausseur André), et en 1987, cet inspecteur des finances prend la direction des éditions Nathan. Après le rachat de celles-ci par le Groupe de la Cité, Bertrand Eveno est nommé, en 1988, directeur général de ce groupe, où il devient le bras droit de Christian Brégou, PDG à la réputation de gestionnaire pur et dur. A ce poste, il va accompagner la réorganisation et la modernisation du groupe, à travers une série de filialisations et de rachats (éditions Laffont, Larousse, Le Robert, Bordas, Dunod, Belfond, Masson et Armand Colin). Une tâche complexe et souvent conflictuelle qui le met en première ligne. C'est l'époque où Hachette et le Groupe de la Cité se disputent le leadership de l'édition française, alors en pleine crise. Bertrand Eveno va survivre au débarquement mouvementé de son patron à l'automne 1997 et à l'absorption du groupe par Havas.
Pendant deux ans, il reste président de la branche Havas Education et Référence, avant de tirer discrètement sa révérence en juillet 2000: «Un divorce par consentement mutuel», explique-t-il alors. Cet homme de l'ombre, qui connaît parfaitement tous les rouages