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Libération
Critique

L'Amour à mort

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Cinétoile, 22 h 25.
publié le 12 octobre 2000 à 5h18

Rêver comme Resnais. Essayer, du moins. Le plus grand cinéaste de la mélancolie française (et pourquoi en serait-il autrement) rêve en effet comme tout le monde. A propos d'Alain Resnais, le bruit court, si l'on en croit Pierre Trividic (Dalida, Averty: les yeux dans les yeux, Libération du 7 décembre 1984), «qu'il visite assidûment le salon des Arts ménagers. Un rêve captivant: qu'ils aient pu se croiser, Alain Resnais et Jean-Christophe Averty, au coeur de perspectives illimitées de sauciers automatiques et d'autocuiseurs, attirés là, l'un et l'autre, par l'attrait de ces quantités vertigineuses d'objets rigoureusement identiques, par l'ivresse des super-marchés». Trividic, qui a aussi scénarisé le délicieux Radiguet d'Averty (lire ci-contre), conclut sa savoureuse analyse en interrogeant un penchant commun chez l'homme de cinéma et l'homme de télévision, peu remarqué jusqu'ici, un véritable «goût de la pléthore».

Manque de chance, l'Amour à mort est le moins avertyen des films de Resnais. Cesser d'accabler l'homme de Marienbad, le chanteur triste, le monteur muet. Refaire le monde avec lui, rien que pour voir. Et d'abord, pour commencer, que faire de ce beau film malade, ce chef-d'oeuvre bergmanien raté? Du côté de chez nous, entendons-nous bien, «chef-d'oeuvre bergmanien» serait plutôt un reproche et «bergmanien raté» un étrange compliment décalé. Qu'admirer le plus dans ce mélo catho, l'interprétation théâtralement stylée (l'élégance d'André Dussolier mériterait à elle s