Pour les portraits au vitriol de la bourgeoisie, c'est Chabrol. Cliché qui se vérifie à nouveau dans cet opus adapté de Simenon qu'est ce Betty plus retors qu'il n'y paraît. Car la (haute) bourgeoisie dépeinte dans le film n'est qu'un prétexte. Relique de l'histoire elle n'existe plus telle quelle , et la causticité chabrolienne à son égard est un exercice de style tellement rodé qu'il en devient inutilement grotesque. La nouvelle bourgeoisie, et ses aliénations multiples, n'a pas encore trouvé son cinéaste. En revanche, le portrait de femme, qui fonctionne comme un empilement de poupées russes, est d'autant plus violent qu'on ne le voit pas venir. Betty est d'abord une femme à la Cassavetes qui atterrit raide saoule dans un bar à pochtrons. Du désespoir, de la perdition, de l'impossibilité existentielle. Grâce au récit fragmenté qu'elle fait de ses déboires et à ses remémorations en flash-back, elle devient cette épouse répudiée jetée à la rue par une sale andouille de mari psychorigide et indifférent. Créature trop sensible et trop sincère pour un univers de brutes, figure féminine meurtrie dont on attend la lente et salvatrice évolution vers l'émancipation libératrice. Tu parles. Simenon et Chabrol ont d'autres visées, plus passionnantes, plus misogynes, bien sûr qui aime bien châtie bien. Quelles que soient ses blessures secrètes, Betty, à qui la rauque Marie Trintignant prête toutes ses compétences en matière d'opacité souffrante, est un attrape-mouche en parfait é
Critique
Betty
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par Isabelle POTEL
publié le 16 octobre 2000 à 5h23
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