Tentons de mieux comprendre les années 80, ses délires libéraux et ses ondes dépressives. Ce documentaire en deux parties retrace les aventures de quelques financiers anglais et américains, acteurs emblématiques du raz-de-marée ultralibéral qui s'est abattu sur le Vieux et le Nouveau Continent pendant que Peter et Sloane chantaient avec insouciance Besoin de rien, envie de toi. Un peu comme dans la filmographie d'Alfred Hitchcock, il y a la période anglaise avec Jim Slater, golden boy avant l'heure qui devint le principal dépeceur de l'industrie anglaise et promoteur du dogme «Quand la Bourse va, tout va.» Cela se passait au milieu des années 60. Après cet homme qui en faisait un peu trop, vint la période américaine, plus proche de Psychose, durant laquelle quelques névropathes financiers entreprirent de réformer à la tronçonneuse le capitalisme américain. Parmi eux: Mike Milken, l'inventeur des junk bonds (obligations pourries à haut rendement), et Jimmy Goldsmith, qui ressurgit ici telle une figure cauchemardesque, salivante et horrifique. Un petit inventaire de ses propos sélectionnés dans le film rappelle d'ailleurs à quel point ultralibéralisme et darwinisme sont, dans sa bouche, théoriquement et rhétoriquement liés. «L'industrie, c'est comme un bateau avec une centaine de personnes à bord et qui va couler si deux ou trois volontaires ne sautent pas. On peut aussi les tirer au sort.» Pour Goldsmith, contester ses méthodes revient à trouver que «la nature est mal faite à
Critique
Sus aux sous
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par Emmanuel PONCET
publié le 18 octobre 2000 à 5h29
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