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Libération

Le piège

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publié le 19 octobre 2000 à 5h34

Elle est arrivée rayonnante et détendue. Elle a parlé de sa nouvelle coupe de cheveux, bruns et courts, de son poids, en baisse, de son look de catho à la cool. C'est la nouvelle Christine Boutin qui va dans les prisons, pour en revenir justement dégoûtée. La Boutin compassion, la Boutin sympa. Ruquier était aux anges. Comme Ardisson, Drucker, Zéro, lui aussi tenait sa séquence politique-popotte. Et comme avec eux, la professionnelle allait en faire une bouchée de pain. Toujours ça de pris, quelques arguments bien placés entre deux déconnades, du style: «Vous êtes ni pour ni contre l'avortement, vous voulez laisser le choix à l'enfant» (Ruquier). Sauf que. Gérard Miller l'alibi, Miller le contestataire autorisé, était là. Et pas comme d'habitude. Miller était furieux ­ vraiment. Faut dire que pour On a tout essayé, il avait mouillé sa chemise: un reportage chez les intégristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet selon lesquels, grosso modo, l'avortement est le crime des crimes, un complot contre la chrétienté. Tout enragé, il en était revenu. «J'ai vu des gens incroyablement inquiétants, madame Boutin, qui, comme vous, disent des horreurs absolues avec une sorte de tranquillité inquiétante.» Vrai. C'était l'enfer sur terre, son reportage. Paris-massacres. Mais l'invitée refusa de commenter. Christine Boutin serra les dents. «Je ne veux absolument pas m'associer avec ça», dit-elle. Miller insista: «Je vous vois monter le ton [...]. Mais ces gens ne sont pas des caricatures, ces ge