Un cadavre défenestré sur les Champs-Elysées. Quelques minutes auparavant, la victime participait à la pendaison de crémaillère de Larry, un journaliste affairiste qui, pour l'occasion, avait invité dans son 200 m2 avec terrasse et majordome cambodgien les quatre femmes à l'origine de son ascension sociale. Suicide? Accident? Meurtre? Et, surtout, qui est-ce? Bonnes à tuer (1954) ne donne les bonnes réponses que dans les cinq dernières minutes à l'issue d'une série de flash-back dans le flash-back. Cela pourrait être du Mankiewicz (façon Chaînes conjugales), mais sans le brillant des dialogues ni la virtuosité de la réalisation. Henri Decoin, qui s'est souvent montré plus inspiré (voir la Vérité sur Bébé Donge, la semaine prochaine sur la même chaîne), consacre davantage d'énergie à montrer sous toutes les coutures les décors néo-bourgeois et les costumes très chic de Balmain qu'à construire une véritable mise en scène. Il théâtralise comme un forcené, surligne tous les rebondissements d'un scénario passablement chargé en excès mélodramatiques et ne réussit, in fine, qu'à ramollir un suspense qui démarrait plutôt bien.
Bonne à tuer reste pourtant un objet précieux pour tous les fans de Danielle Darrieux. L'ex-«drôle de gosse» incarne ici la première épouse de l'infâme Larry (joué par le très subtil Michel Auclair, alors jeune premier), un rôle qui propose un résumé saisissant de sa carrière.
Le personnage de Constance réunit en effet la légèreté insouciante de ses débuts, dans