Amiens envoyée spéciale
Cinq bâtisses début de siècle, en briques rouges et pierres de taille, au coeur d'Amiens, abritent Le Courrier picard. Vaste siège pour un modeste quotidien, qui tire à 84 000 exemplaires dans la Somme et l'Oise. Du service culture, on traverse une courette fleurie pour gagner les sports. Un escalier ciré mène aux bureaux des six syndicats qui se disputent les voix des 204 salariés. Beaucoup de syndicats, mais aussi beaucoup de «patrons». De l'ouvrier au directeur, de la secrétaire au journaliste, ils sont 184 sociétaires à détenir un bout du journal. Le Courrier picard est une Scop, société coopérative ouvrière de production. Pour rester indépendant, le journal, qui vient de lancer une nouvelle formule, autofinance à 70 % les 30 millions engagés depuis trois ans pour sa modernisation.
Orientations. «On paie pour avoir le droit de la ramener», résume Joël Cyprien, chef du service sport et délégué CFDT. Chacun sociétaire reverse 3,5 % de son salaire à l'entreprise. Propriétaire, il vote les grandes orientations en assemblée générale, élit ses représentants au conseil d'administration paritaire: deux représentants du Livre, deux de la rédaction, deux de l'administration, qui éliront à leur tour leur président (et directeur de publication) et nommeront le directeur général. En France, L'Yonne républicaine est le seul quotidien fonctionnant sur le même statut.
La grande salle des assemblées générales est située au premier étage, au fond d'un dédale de pièces