Menu
Libération
Critique

Element of Crime

Article réservé aux abonnés
Ciné cinémas 3, 21 h.
publié le 25 octobre 2000 à 5h44

Un truc de drogué à la Burroughs cachant mal la férocité de sa maîtrise plastique, de son perfectionnisme visuel. Un premier film au début des années 80 comme un pavé dans la mare d'un cinéma européen réputé trop sage. Sous hypnose, un flic se remémore sa dernière enquête sur les traces d'un serial killer de petites filles dans une Europe méconnaissable, d'avant ou d'après apocalypse. Film d'obscurité troué de flashes orange, baignant dans une humidité glauque, encadré de perspectives wellesiennes et scandé par les mornes dialogues d'un khâgneux surdoué. Lars von Trier commençait au cinéma par écrire la théorie de sa fascination, en gros aller au bout du bout du système, du dispositif mis en place.

Le programme doit être exécuté coûte que coûte, quels qu'en soient le prix et les sacrifices, à l'instar de cette série de crimes qui trouvera le moyen d'aller à son terme même en l'absence du meurtrier d'origine. Sous ses airs de chaos mental maniéré, Element of Crime déploie une froide rationalité, une géométrie implacable. Celle-là même dont Lars von Trier prétend n'avoir eu de cesse depuis que de vouloir s'en débarrasser. Après la virtuosité hypercalculée de la première trilogie, le Danois aurait compris que son salut passait par la perte de ce contrôle qui l'obsède. Vu ses états d'enfance dans une famille de communistes et d'esprits cartésiens, la religion chrétienne, et son potentiel mystique, fut un fabuleux exotisme à enfourcher. Dans la deuxième trilogie, la figure féminin