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Libération
Critique

Rachel, Rachel

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TCM, 18 h 50.
publié le 26 octobre 2000 à 5h48

Une pauvre fille. Institutrice dans un bled de la Nouvelle-Angleterre, Rachel vit avec sa mère tyrannique et regarde passer, la gorge serrée, la vie qui ne veut pas d'elle.

Trop timorée pour secouer ses chaînes, trop intelligente pour ne pas connaître l'insupportabilité de son ennui,

elle commence à flirter avec les premiers symptômes de la folie. Jusqu'à ce que se pointe enfin un mâle pour la culbuter dans les bois et l'abandonner aussi sec. Première réalisation de Paul Newman, ce portrait de femme datant de 1968 n'atteint pas l'audace moderniste des films de Cassavetes, se rattachant davantage, dans le meilleur des cas, au grand cinéma classique d'un Elia Kazan ou Nicholas Ray. Sa forme conventionnellement linéaire, d'une modestie appliquée, se soumet à une autre ambition, visant à donner toute latitude à la comédienne Joanne Woodward d'amener son personnage au plus grand degré possible de réalisme.

A ce titre, la paternité du film est à l'évidence partagée, et c'est toute sa particularité que d'être l'oeuvre d'un couple d'acteurs (Newman et Woodward sont toujours ensemble après un paquet d'années de mariage, ils ont également tourné ensemble De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, en 1972), s'essayant à une humble sincérité. Rachel, Rachel confirme d'ailleurs cette permanence des films de comédiens à s'enticher de préférence des piètres tracas de gens ordinaires, comme une nécessaire rédemption au star-system, peut-être. L'espoir relatif qui sert