Casque de cheveux blancs, regard acéré, discours sans détour. Norman Mailer, 77 ans, 32 livres, 2 prix Pulitzer, 6 épouses, n'a rien perdu de sa superbe... démesure. L'âge a même accru sa verve. Dans cette série de Jean-Pierre Catherine et Michael Seiler, réalisée par Richard Copans et Stan Neumann, Norman Mailer s'emporte. Vitupère. S'embarque dans des tirades surréalistes contre le plastique. Estime que Reagan a des airs de directeur commercial d'une boîte du Midwest, «aussi creux qu'une calebasse». Il parle, il parle et le téléspectateur boit du petit lait. Les coups de ce passionné de boxe frappent juste. «Je déteste le politiquement correct, dit-il, c'est l'ennemi.» Chez lui, à Cape Cod, pendant ces trois heures d'entretiens et d'archives exceptionnels (pourquoi, chère France 2, les réserver aux insomniaques?) l'écrivain passe au crible cinquante ans de carrière. De ses années de jeune homme, quand déjà sûr de lui jusqu'à l'arrogance, il voulait être du débarquement et écrire LE grand livre sur la guerre. A ses années de désenchantement, quand il a cessé de croire qu'un écrivain pouvait changer le monde...
Dès 1947, Norman Mailer fait mouche avec les Nus et les Morts, livre d'une maturité étonnante, où il relate son expérience du front dans le Pacifique. Il est célèbre du jour au lendemain, mais pas prêt pour ça. Les années rebelles suivent. Années de beuveries monstrueuses. Un soir de 1960, il poignardera Adèle, sa femme. Un épisode resté obscur qu'il évoque ici. Sans t