La présence de son irradiante progéniture Asia n'y pouvait mais, le Fantôme de l'opéra, dernier film en date de Dario Argento, avait de quoi décourager jusqu'aux plus fervents admirateurs du cinéaste romain. La redécouverte de ses étonnants Frissons de l'angoisse (Profondo rosso, 1975) montre pourtant à quel point ce maître de l'outrance visuelle pouvait se montrer inspiré vingt ans plus tôt. Profondo rosso est le dernier giallo (l'équivalent italien de la série noire) réalisé par Argento. Comme dans l'Oiseau au plumage de cristal, son premier film, le mystère réside dans une scène inaugurale (un meurtre, le premier d'une longue série) que le héros a mal interprétée. L'intrigue est des plus vagues, certaines scènes pratiquement incompréhensibles. Argento assume, davantage préoccupé par la splendeur graphique de son film que par sa cohérence scénaristique. La première séquence une expérience de télépathie dans un opéra annonce les couleurs, le noir des costumes pour un film essentiellement nocturne, le rouge profond des tentures pour le sang qui sera abondamment versé par le tueur en série. Avec ces gros plans sur les corps suppliciés des victimes, Argento reprend les figures obligées du genre.
Son originalité tient en ses visions d'une ville déserte, aliénante et inhumaine, qui renvoie aux grands espaces vides des films d'Antonioni la présence, dans le rôle principal, de David Hemmings, le héros-photographe de Blow Up, renforce d'ailleurs le parallèle avec le réalisateu