La passion d'autrui peut plaire ou prêter à sourire. Ici, face aux archéologues, géologues, physiciens, penchés depuis quatre ans sur les vestiges de Zeugma, on oscille de l'empathie au sourire crispé. Reprenons l'affaire: Zeugma, sise au bord de l'Euphrate en Turquie, carrefour entre l'Orient et l'Occident, passage de la Route de la soie, fut une cité prospère du IVe siècle avant JC jusqu'à l'arrivée des croisés au XIe siècle. Grandeur et décadence, elle disparut alors. Et voici que plus de vingt siècles après sa création, elle ressurgit. Pour s'engloutir illico, les autorités turques ayant décidé la construction d'un barrage à 500 mètres du site. Depuis le début du mois, Zeugma repose en effet dans un lac artificiel, par 40 mètres de fond.
La décision date des années 80, mais c'est il y a seulement cinq ans que les archéologues français et turcs ont commencé à se manifester. Cinq ans pour mettre à jour une ville qui s'étendait sur 36 hectares, le travail est titanesque. La caméra en a suivi les étapes principales: la découverte du réseau d'évacuation des eaux usées, hallucinant d'ingéniosité, et la mise à jour, par l'équipe de Catherine Abadie-Reynal, d'une mosaïque reprenant le mythe de Pasiphaé femme de Minos et mère du Minotaure, d'Ariane, d'Androgée et de Phèdre pièce rarissime qui sera déposée et exposée dans un musée. La passion des chercheurs est communicative et on aime assez le sourire du spécialiste mondial des mosaïques, Jean-Pierre Darmon: à la question, pou