Lors de sa visite en Chine, Jacques Chirac, que l'on sait friand d'art oriental, a fait un saut au musée de Yangzhou (province du Jiangsu) en compagnie du président chinois Jiang Zemin. Bien entendu, une forte cohorte de journalistes les accompagnait, dont un photographe de l'AFP qui a fixé Jacques et Zemin en pleine activité commune. Mais que font-ils? se dit-on. La symétrie de leur attitude penchée et la déférence affichée par les deux Chinois qui les surplombent laissent présumer qu'ils sont absorbés par une tâche importante. A savoir: scruter une chose censément petite, puisque l'usage de loupes leur est nécessaire, et de surcroît précieuse, puisque les deux Présidents sont équipés de gants blancs.
Mais quelle est donc, présentée sur un petit piédestal, cette chose cruciale qui les absorbe tant? Un poil du pubis de l'impératrice T'seu-hi? La miniaturisation du léger différend concernant la vente à la «province rebelle» de Taiwan d'un satellite français d'observation? Le texte, en grandeur réelle, de la protestation chiraquienne concernant le regain d'atteintes aux droits de l'homme en Chine? Que nenni, la légende nous informe (c'est une pièce du trésor du musée de Yangzhou), et on est bien obligé de la croire, la lisibilité médiocre de la photo empêchant de distinguer la nature précise de cette pièce vaguement sphérique (boule de pétanque de la dynastie Song ou pomme de discorde dans les relations franco-chinoises?). Ce qui marque, ce sont les gants. Histoire de rappeler