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Libération
Critique

Descendre Pasolini

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«Les Cendres de Pasolini», de Pasquale Misuraca. Planète, 20 h 30.
publié le 1er novembre 2000 à 6h03

Visiblement assez peu étouffé par le mystère qui entoure le meurtre de Pier Paolo Pasolini, le réalisateur de ce portrait post mortem n'y va pas avec le dos de la manivelle. Louée soit sa tentative en prégénérique de se colleter la représentation du meurtre du poète italien, sur la plage d'Ostie en 1975, mais honni soit le résultat. Une Alfa Roméo blanche roule dans la nuit, sur cette plage en forme de terrain vague de la banlieue de Rome. Elle avance cahin-caha à travers les ornières. Il n'y a pas de musique. Seul son, le glissement des pneus dans les flaques boueuses. Jusqu'ici tout va bien. La voiture disparaît au fond du plan. Bonne suggestion. Mais notre homme a décidé qu'il serait celui qui perce visuellement ce crime communément attribué à un ragazzo dragué et plus par Pasolini. Dès lors, accrochons-nous. La caméra est à la place du poète dans la voiture. Le ragazzo en question le frappe face à l'objectif. Ça dure longtemps. Le résultat, très idiot et très vulgaire, rappelle les cauchemars triviaux des siestes gluantes. Si ce n'est pas «le travelling de Kapo» (le comble de l'immoralité cinématographique pour Jacques Rivette, un plan célèbre et un peu gênant sur un déporté dans un film de Gilles Pontecorvo), il s'agit au moins du «shooting de Paso». La suite est assez classique, à prendre comme une compilation d'archives à picorer pour enrichissement personnel et dictionnaire à citations. «Ma particularité, c'est de n'avoir perdu aucune illusion [...]. Pour moi, les ch