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Libération
Critique

Mortal Kombat, destruction finale

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Ciné Cinémas 2, 2 h 20.
publié le 1er novembre 2000 à 6h03

Sa chanson, Lara l'avait oubliée. Elle la laissait à d'autres maintenant. Elle avait trouvé d'autres petits jeux depuis qu'elle était rentrée du pays du Docteur Jivago. C'était elle, c'était Lara. Un peu Lara Croft, un peu David Lean, terriblement hollywoodienne avec ses jeux de femme, des jeux mouillés pour égayer ses soirées d'hiver derrière la télévision. Devant, c'était une autre affaire. Devant, ça s'agitait ferme. Devant, c'était eux, c'était nous, c'était moi. Une bande de jeunes cons, teenagers de la gâchette, rois de la télécommande, qui s'exhibaient à s'en faire mal aux yeux. Décidément, il fallait rendre des comptes. Il sortit son petit carnet, celui qu'il préférait, et il griffonna dans le noir. La main lui faisait mal, mais comme c'était encore la main, de loin, qui lui faisait le moins mal, il écrivit d'une traite. Et si c'était la Lara de la chanson qui l'excitait comme ça ? La Lara des violons, pas celle qui aimait s'étourdir d'images de synthèse à son petit déjeuner, tous les jours, entre un jus d'orange trop violemment orange pour être vrai et une branlette en Cinémascope.

Lara ou Lara Croft, il faut choisir, petit, si tu ne veux pas mourir idiot. Mortal Kombat, tu en penses quoi, toi ? Tu n'en penses rien, évidemment. Tu sais à peine, d'ailleurs tu t'en fous, que Mortal Kombat a d'abord été un jeu vidéo. Succès planétaire pour ces karaté bagarres, où le blanc est toujours plus blanc et où le bien triomphe comme par hasard : le mal, après tout, ce n'est ici