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Libération
Critique

La souris qui rugissait

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«Au pays joyeux des enfants heureux.» La 5e, 14 h 35.
publié le 6 novembre 2000 à 6h11

«C'est le pays joyeux des enfants heureux...» Souvenez-vous, Casimir, Mam'zelle Julie... Vous n'y êtes pas du tout. L'île aux enfants racontée dans ce documentaire partisan (le réalisateur ne donne la parole qu'à l'une des parties), c'est Ubi Soft, une société de jeux vidéo. Sympa comme boulot, créer des univers, des monstres et des gentils. Sauf qu'Ubi Soft est une méchante sorcière qui ne pense qu'à sucer jusqu'à l'os ses jeunes recrues (journées de 12 heures et pauvres salaires). Même si la majorité des employés sont effectivement de grands enfants, le nez sur les écrans et nourris au death metal, leur entreprise chérie n'est pas un pays doré, bourré de friandises. Au début, personne n'a conscience d'avoir intégré un rouleau compresseur, injuste et dépouillé de toute conscience sociale. Puis quatre mousquetaires se réveillent et entament une croisade pour la défense des salariés sur le thème moins d'heures sup' et plus de stock-options. Plus familiers de la lutte sur joystick que de la manif de rue, les jeunes bafoués créent le site Ubi Free, vrai dazibao virtuel (et poilant, paraît-il) qui germe dans le dos des patrons et collègues. Et ça pouffe. Et ça se gausse. D'Artagnan alias Jérémie Lefebvre (lire portrait dans Libération du 1er novembre) et sa copine narrent les étapes

de leur combat à l'aide de figurines animales (zèbre, cochon, âne). Le soubresaut fut-il salutaire ? Même pas. La direction a fait fermer le site et chacun des responsables d'Ubi Free s'est taillé ail