Combien de cinéastes importants dans la deuxième moitié de ce siècle qui n'en finit pas de ne pas se terminer ? Cinq, six, sept ? Pour l'Amérique, Paul Newman, Steven Dwoskin, Robert Frank. Quelque part entre Italie et Grèce, Stavros Tornes, le cinéaste aux semelles de vent. En France, on ne sait pas, on ne sait plus. Brisseau, Moullet, peut-être... Un seul cinéaste, un vrai, est incontestablement apparu depuis 1950, avec une telle force d'évidence qu'on sent encore aujourd'hui sur les joues la brûlure de sa gifle, c'est Fassbinder, le seul à redéfinir le champ du cinéma encore possible à l'ère de la lyophilisation digitale des spectateurs et de la pixélisation express de la pensée. Encore des «skoreckismes» faciles, pensera-t-on. On va donc s'expliquer, pour une fois. Depuis l955/1959, le cinéma est passé, mine de rien, de l'art du dispositif (la mise en scène, un truc mystérieux à définir un jour, quand on aura le temps) à l'exercice du comédien. Pas un hasard, d'ailleurs, si le travail de Cassavetes et Pialat, qu'on considère du côté de chez nous comme des cinéastes inévitablement mineurs mais «honnêtes», n'est que ça: 100 % de travail sur l'acteur et rien d'autre autour. Seul Fassbinder (et les cinq ou six autres mentionnés plus haut, dans une moindre mesure), y va aussi de son corps de cinéaste pour travailler autour de l'acteur à prolonger un tant soit peu la magie du «cinéma», une magie envolée, qu'on le veuille ou non, avec la télé et aujourd'hui avec les jeux da
Critique
Martha
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par Louis Skorecki
publié le 6 novembre 2000 à 6h11
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