Anarchy in Canal Jimmy? La chaîne des quadras-quinquas nostalgiques offre douze chroniques-cartes blanches à Malcolm McLaren, l'homme qui a lancé les Sex Pistols et qui veut profiter de l'occasion pour «créer le scandale». Rencontré début octobre dans un grand hôtel parisien, McLaren semble avoir plutôt bien supporté le cap de la cinquantaine. Avec sa mise de dandy cockney, sa chevelure poil-de-carotte, on croirait discuter avec le grand frère de Johnny Rotten. Et la tête phosphore toujours: le créateur polymorphe donne toujours son avis sur tout, et produit
du concept lourdement influencé par Debord et Warhol, au rythme de sa consommation de cigarettes frénétique. Ainsi ses interventions sur Canal Jimmy ont-elles l'ambition de rendre compte du monde tel qu'il est partagé entre «le karaoké et l'authentique». Pour résumer, est karaoké «ce qui encourage la vie par procuration», est authentique «ce qui
n'est pas nécessairement à vendre». Exemples: Tony Blair est karaoké, les Sex Pistols sont authentiques tout comme les bondage pants (une autre création de McLaren, des pantalons subversifs puisqu'il était quasi impossible de marcher avec). Dans ce monde «de publicité, de marque, de vente» (dont il est bon de rappeler que McLaren, quoi qu'il en dise, a pas mal profité), notre penseur postmoderne veut «promouvoir un type de société qui ne craigne pas la créativité». Vingt-cinq ans après le punk, il s'agit d'«inspirer une nouvelle génération» en lui faisant comprendre que «le princ