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Libération
Critique

Torpilles sous l'Atlantique

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Ciné Cinémas 3, 23 h.
publié le 7 novembre 2000 à 6h16

Deux ans avant Rio Bravo, le tour était joué. Un certain cinéma, on le voit bien dans Torpilles sous l'Atlantique (1957), décidait de s'autodétruire en douceur, à l'ombre des potences du monde civilisé. «Tu en penses quoi, toi, petit?» Silence. «C'est à moi que tu parles, monsieur, quelle était la question, déjà, le cinéma, la télévision, tu veux savoir quoi exactement, monsieur?» Là, on a le choix. Répondre ou faire sa fiche cuisine: Torpilles sous l'Atlantique (The Enemy Below) est une belle histoire d'affrontement entre un sous-marin et un torpilleur, efficacement mise en scène par l'acteur-réalisateur Dick Powell et portée à bout de bras par deux mauvais acteurs, Robert Mitchum et Curd Jürgens. Mais on a décidé d'insister. «C'est à toi qu'on parle, oui, toi qui rêves à ta fenêtre. Ou alors c'est une pose, un air que tu te donnes, et c'est plutôt la voisine que tu mates, ou les passantes, espérant en dépit du raisonnable entrevoir un bout de sein, un sourire, une paire de fesses qui s'habille ou se déshabille à la sauvette entre deux toiles.»

Le jeune homme referme sa fenêtre,

le chroniqueur reprend. Il insiste sur la belle lourdeur de Torpilles sous l'Atlantique. Il explique qu'être un «mauvais acteur» n'a jamais empêché la prise de possession d'un personnage, comme le corps à corps de Mitchum avec le sien le prouve une fois encore, comme Bogart le rappelle souvent avec son jeu minimal, à la limite du couinement de fausset. Et si le jeune homme, derrière sa fenêtre fermée,