«L'ambiance est assez désespérée.» Un journaliste de l'Humanité résume ainsi la situation au sein du quotidien communiste. Effondrement des comptes, effritement des ventes, dégradation du climat social: tout va mal.
A Saint-Denis, dans le bel immeuble de béton brut et de verre fumé, juste à côté de la cathédrale, le directeur général, Richard Béninger, prépare ses cartons. Il part pour Chalon-sur-Saône, où il dirigera un dépôt de presse. «Pour des raisons personnelles et familiales», a-t-il fait savoir. Mais tout le monde comprend que l'heure des décisions difficiles approche.
Ménage. Deux autres dirigeants sont «plus près de la porte que de l'augmentation», pour reprendre l'expression d'un autre journaliste. Pierre Zarka, PDG du titre, et Claude Cabanes, directeur de la rédaction, seraient prochainement invités à quitter leurs fauteuils. C'est en tout cas ce qui a filtré du conseil de surveillance qui s'est tenu vendredi dernier. Ce conseil, qui représente l'unique actionnaire du journal (le parti communiste), est présidé par Michel Laurent. Un apparatchik qui monte dans le parti et...un adversaire déclaré de Pierre Zarka.
Zarka et Cabanes démentent leur prochain départ, mais beaucoup le jugent «probable» tant leur crédibilité est entamée auprès de la rédaction comme du côté du Parti. «La place du Colonel-Fabien a décidé de reprendre les choses en main», analyse-t-on à l'Humanité. Pour preuve, le chef du service politique, Bernard Frédérick, serait menacé de placardisation. «L