«Aucun mot ne peut expliquer la vie d'un homme», dit un personnage de Citizen Kane. Aucun mot, ni aucune image pourrait rajouter Pierre-Oscar Levy, le réalisateur de ce portrait de Georges Perec. D'où le parti pris d'utiliser la figure du puzzle audiovisuel, pour essayer de composer quelque chose d'un peu original autour de «l'homme de lettres» (il n'aime pas le terme d'écrivain) mort en 1982. Ça marche, et ça change des épisodes chrono-pédago-go d'Un siècle d'écrivains. Le portrait s'ouvre donc sur des extraits du film d'Orson Welles, comme pour mieux se débarrasser du poids du Rosebud, cette tentation de se rassasier d'un mot-valise explicatif à partir duquel on pourrait tout dérouler. Le traîneau brûle dans la cheminée. Le Rosebud s'efface. Ce qui intéresse Pierre-Oscar Lévy dans la séquence mythique du film, ce sont, semble-t-il, toutes les choses empilées à côté ou derrière le (s) mot (s). Des choses empaquetées, accumulées qui forment un puzzle à assembler. Ce travail de rassemblement s'appelle l'écriture. Michel Butor disait d'elle que c'est «un puzzle dont il manque une pièce»: une recherche d'enracinement, la reconstitution de quelque chose de cassé. Ce numéro d'Un siècle... fonctionne comme une inventive tentative de définition par l'image de l'oeuvre de Perec. Exemple: la caméra avance sur un monorail de béton dans un paysage fantomatique. La langue comme un train à sustentation magnétique. L'image est accélérée. Perec raconte ses expériences littéraires. Le lipog
Critique
Les phrases du puzzle Perec
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par Emmanuel PONCET
publié le 9 novembre 2000 à 6h21
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