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Libération
Critique

La vie derrière soi

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«Les gardiennes de la mémoire» dans «La 5e rencontre...». La 5e, 14 h 35.
publié le 13 novembre 2000 à 6h28

Dur d'être vieillard aujourd'hui. Seul. De s'entendre dire par des inconnus: «Alors, on a bien dormi ? On n'a pas froid aujourd'hui ?» De devoir quasiment demander la permission pour sortir faire ses courses, descendre les escaliers de la cave, bref de se faire traiter comme un enfant ou un demeuré alors qu'on a parfois toute sa tête. Le documentaire de Jacqueline Gozland montre cette détresse-là sans le vouloir, à travers le regard honteux d'une vieille dame ou celui, excédé, d'un vieillard à l'aide ménagère bien dévouée mais un peu à côté de la plaque. Le sujet du documentaire portait au départ sur une nouvelle profession de proximité qui s'est développée depuis une vingtaine d'années, située à mi-chemin entre dame de compagnie et bonne à tout faire : aide ménagère. Pas facile comme profession, surtout à 37 F de l'heure : «Il faut avoir beaucoup de patience, reconnaît l'une d'elle. C'est comme chez les enfants [en] plus difficile : un enfant vous écoute, vous pouvez le punir, pas une personne âgée.» Les dames de compagnie sont filmées avec leur vieillard dans leur intérieur, chacun jouant timidement son rôle devant la caméra qui ne réussit pas à se faire oublier. Des intervenants extérieurs s'interrogent sur la maltraitance, la difficulté de trouver des infirmières libérales qui acceptent de faire des toilettes aux personnes âgées, sur le drame de personnes très isolées sur le plan familial. Lorsque le seul interlocuteur du jour devient l'aide ménagère, ce doit être l'enfe