Menu
Libération

Amuse-gueule

Article réservé aux abonnés
publié le 17 novembre 2000 à 6h42

C'est Bullitt et les Blues Brothers à la fois. C'est de la télé à l'ancienne, avec des images pas nettes, en noir et blanc, mal cadrées, montées à la va-vite. Même la musique, boum-tchack-boum-tchack, semble sortir de vieux stocks archi-rentabilisés. Ça s'appelle Ça vaut le détour, c'est sur TF1, et c'est de la télévision comme on l'aime ­ parfois.

Du pur spectacle, archi-creux, top efficace, qui nous en donne pour notre argent. Et qui, de plus, ne doit pas coûter chérot, puisque c'est entièrement fait d'images de télésurveillance et de caméras de police, américaines à 95 % comme il se doit. Deux dizaines de braquages plus ou moins foireux, quelques «scènes torrides» de parkings, des kilomètres de «course-poursuites infernales», des «images spectaculaires» qui filent le «frisson» comme aime à le rappeler l'impeccable jeune présentateur qui sert de Small Brother en chef (Stéphane Bouillaud), voilà le topo. Mercredi, les tours, détours, contours et tours de cons, comme disait l'autre, passaient par des gamins au volant de pick-up volés, des voleurs de cigarettes pathétiques, des mafiosi furieux de voir une caméra ne pas respecter l'intimité de l'enterrement de l'un des leurs et autres magasiniers pourchassant à la machette des mauvais payeurs encagoulés. Outre l'évidence des images elles-mêmes, ce qui fonctionne ici, c'est l'exotisme. C'est l'Amérique d'Harvey Keitel, celle du Teen Spirit désespérant de Nirvana, celle de Lawrence Block. A la différence qu'ici, on joue pour de v