Avec Nicholas Ray, c'est souvent l'histoire d'un type violent qui voudrait ne plus l'être. Les hommes sont brutaux par faiblesse et ne trouvent leur rédemption que par les femmes, qui sont fortes. Ray, c'est aussi le cinéaste de la nuit, l'enfant nocturne d'Hollywood, rebelle et baroque, qui trimballa dans le cinéma son lyrisme romantique teinté de néoréalisme.
Jim (Robert Ryan) est un flic du même tonneau que Marc Dixon. Des méthodes musclées pour une âme solitaire. Avant la Fureur de vivre et Party Girl, avant Johnny Guitare, Ray tourna en 1951 ce curieux mélodrame policier qui se présente en deux parties n'ayant, a priori, pas grand-chose à voir. Jim et ses coéquipiers traquent deux malfrats au sein de la grande ville corruptrice. De bar en trottoir et de suspect en témoin, Jim découvre son degré de dégoût et d'agressivité maladive. Flic mal aimé, sensibilité écorchée, pour une déambulation urbaine génialement filmée à coups d'ellipses exacerbées au coeur de l'action, tourbillon visuel qui soumet l'espace et le temps à rude et belle épreuve. Pas d'intrigue, rien que l'essence du polar qui est de ne jamais laisser le mouvement reposer. Mais on est à Hollywood et non chez la Nouvelle Vague, il doit arriver quelque chose à Jim. Ses chefs l'expédient à la montagne sous le prétexte dilatoire du meurtre d'une fillette, il est happé dans un autre film. Comme dans l'Aurore de Murnau, le récit se charge alors de l'étincelante opposition ville-nature, noirceur-blancheur, cynisme-inn