Menu
Libération

Le passe-plat

Article réservé aux abonnés
publié le 21 novembre 2000 à 6h52

Il fallait bien quelqu'un pour s'y coller, et Zéro s'est proposé. A Jean Glavany, ministre des vaches folles, Karlito a voulu faire, dimanche, «un beau cadeau». Après l'interview rituelle, il lui a présenté une belle grosse assiette. Sous l'emballage et le papier alu, un T-bone. Ah, le super coup, la belle affaire! Trop fort, ce Zéro. Depuis que Glavany court les studios télé pour rassurer les carnivores que nous sommes, on commençait à trouver le temps long. Personne n'osait le bout de barbaque avancé comme une preuve, un indice, l'arme du crime. Voilà, c'est fait. Seulement, Glavany, ça ne lui a fait ni chaud ni cru, ce T-bone zoomé, pas plus qu'à nous. «Je n'ai pas eu de mal à le trouver, a dit Zéro, je l'ai acheté chez le boucher du coin», et le ministre a répondu: «Qu'est-ce que tu veux que je te dise?» Point. Après, ils ont causé «côte de boeuf sécurisée» (pardon?), Glavany a proposé à Zéro de le «dénoncer», Zéro a ri, a dit qu'il avait «le bras long» et que, fort de cet appendice, il ferait «sauter» l'amende. Puis les deux copains se sont salués dans un dernier rire, et c'en était fini de leur petite comédie. Chacun avait tenu son rang, mais pas sûr qu'ils sortaient gagnants tous deux. Zéro avait fait son zéro de conduite, et Glavany passa pour un type bien, un bon ministre, calme et tout, le «principe de précaution» ouvert plein pot, comme un misérable parapluie en cas de tempête avancée. Même que Zéro avait lâché un gros mot, au sujet d'une supposée consigne jospini