Des corps encore, des corps toujours. Si le cinéma consiste à exhiber des corps pour des spectateurs dont on ne sait rien, alors Pas de scandale a quelque chose à voir avec le cinéma. Bonne nouvelle par les temps qui courent. Bonne nouvelle aussi pour Benoît Jacquot, dont on n'avait plus de bonnes nouvelles depuis... disons depuis longtemps. Film modeste, presque chuchoté, Pas de scandale tourne autour de ce qui intéresse ce cinéaste des beaux quartiers depuis toujours: l'argent, le désir, la circulation de l'argent et du désir, la maîtrise, le bluff. Pour une fois, pourtant, cela s'organise avec une grâce inhabituelle, avec la collaboration tout aussi inhabituelle de trois ou quatre acteurs qui sortent de leur réserve, qui se surpassent sans savoir où cela les mène, où tout cela mène le spectateur, celui qui n'en sait guère plus, pour une fois, que ceux qui sont payés pour le mener en bateau, les acteurs.
Plus prosaïquement, Jacquot fait le portrait d'un grand bourgeois (Fabrice Luchini, curieusement éteint, presque muet, admirable de bout en bout), un chef d'entreprise qui sort de prison et qui cherche ses marques. Ces marques, il ne les trouvera ni auprès de sa femme (Isabelle Huppert, parfaite), ni auprès de son frère (Vincent Lindon, très crédible en présentateur télé). Où donc?
Peut-être nulle part, peut-être est-il trop tard? Coupable ou pas, on s'en fout.
On suit cet homme perdu dans ses trajets hypothétiques, ses errements intérieurs, ses rencontres. La plus belle de c