Est-il plus difficile de jouer une femme qui a un cancer ou un faux rabbin? On pense évidemment à Louis de Funès, à son angoisse de ne plus faire rire, à ses tics tardifs qui ne valent pas ses tics précoces de braconnier noir et blanc. On pense surtout à cette phrase tant ressassée: «Il est beaucoup plus difficile de faire rire que de faire pleurer.» Mais pourquoi Haut les coeurs, un beau film qui parle de maladie sans faire pour une fois trop de chantage à l'émotion, ferait-il penser à un faux rabbin?
On serait tenté de répondre: parce que (une réponse qui en vaut une autre, après tout). On pourrait même avancer que l'héroïne de Haut les coeurs ne s'appelle pas Emma Stern pour rien, qu'elle n'a pas cette séduction louche d'héroïne de Buchenwald pour rien. Comme on est fatigué, depuis le temps que ça dure, de chercher pourquoi tant de jeunes filles semblent vouloir prouver qu'elles ont fait un stage en camp de concentration pour que leurs vêtements tombent bien, on cherchera ailleurs.
Le cinéma, disait-on, est affaire d'exhibition. Depuis que des acteurs professionnels jouent des rôles écrits pour eux, le cinéma a changé. On a oublié, n'est-ce pas, qu'il n'était pas a priori fait pour ça. Il n'était d'ailleurs fait pour rien. Phénomène de foire, art forain, prestidigitation sensationnelle, publicité à domicile le cinéma était tout sauf ce qu'il est devenu, pour le meilleur et pour le pire: du théâtre filmé. Le talent de Solveig Anspach et de sa petite troupe, c'est de famili