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Libération
Critique

L'Aiguilleur

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Cinéfaz, samedi, 11 h 45.
publié le 25 novembre 2000 à 7h06

Une merveilleuse surprise! Mais qui est donc ce Jos Stelling qui produit ici une heure et demie d'un cinéma constamment déconcertant (imaginez Jacques Tati en visite chez Tarkovski) et pourtant si familier. Car on pressentait bizarrement qu'un jour un film nous donnerait à vivre la rencontre d'une femme et d'un homme que tout opposerait ­ elle, belle et sophistiquée; lui, hébété et mécanique ­, et que cette rencontre aurait lieu au milieu de nulle part, par exemple le long d'une voie ferrée en rase campagne. Ils n'auraient pas grand-chose à se dire et d'ailleurs ne se diraient rien. Voilà,

ce n'était qu'une image un peu floue, une place sans doute laissée en creux par un lointain rêve d'enfant. Puis débarque Jos Stelling, qui vient donner une incroyable netteté à cette histoire d'amours muettes entre la poupée et le pantin. Le cinéaste néerlandais ne s'empêtre pas dans de lourds schémas d'analyse psychologique. Il filme à l'instinct, passant du poétique au burlesque et du burlesque à l'inquiétant. Il n'y a quasiment pas de dialogues. Mais à quoi cela peut-il ressembler, se demandera-t-on. Eh bien, c'est tout simple. Une jolie Française descend d'un train, arrêté au milieu d'une lande déserte de la Haute-Ecosse. Le train repart sans elle. Il se met à neiger. Un poste d'aiguillage tout proche est son seul refuge. Il est habité par un homme qui a l'air un peu demeuré.

A tout bout de champ, cet aiguilleur dégaine sa pétoire pour tirer sur des insectes imaginaires. Faute de train,