Un téléfilm qui parle de la République, de ses droits et de ses devoirs. Erik Orsenna, de l'Académie française, travailla au ministère de la Coopération, à l'Elysée et aux Affaires étrangères. S'improvisant scénariste pour la collection Histoires singulières de France 3, c'est tout naturellement, dirait-on, qu'il s'attaque à la notion mollement hype de «serviteur de l'Etat». Cela donne un film très pédagogique, assez ennuyeux mais non dénué de charme, comme ces meubles de famille dont la solidité rustique et la stature imposante donnent envie de les aimer, mais où les mettre?, de nos jours les logements et les esprits manquent tellement d'espace et d'ambition. Un jeune homme tout juste sorti de l'ENA se retrouve en stage à la préfecture de l'Aisne (culture intensive de la betterave sucrière sous un ciel bas, onze mois sur douze), où un préfet affable et ironique (André Dussollier, en goguette désabusée) lui confie l'organisation des excitantes commémorations de la bataille du Chemin des Dames, l'une des plus injustifiées boucheries de la Grande Guerre. Alors que les préparatifs battent leur plein, un grand type genre marabout débarque et rôde. Le jeune homme découvre qu'ont péri sous les obus 8 000 tirailleurs sénégalais, maliens, burundais, voltaïques, à qui la France n'a jamais acquitté la dette du souvenir. C'est le moment où jamais, se dit le jeune homme, mais les huiles du ministère ne veulent pas de sorcier africain dans leurs festivités. Dilemme et boule de gomme, et
Critique
Le chemin des Africains
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par Isabelle POTEL
publié le 25 novembre 2000 à 7h06
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