Plus fort que Derrick et Navarro réunis. La série allemande Tatort fête ses 30 ans avec 458 épisodes au compteur. Alors que son rival-Temesta Derrick a fini par disparaître de l'antenne pour cause d'âge trop avancé de son interprète, ce polar dominical reste le programme le plus regardé en Allemagne (jusqu'à 20 millions de téléspectateurs). Secret de cette longévité:
un renouvellement permanent des lieux, des sujets et, surtout, des héros, lié aux conditions de fabrication un peu particulières de la série. Car Tatort, c'est le fédéralisme en action. Chacune des onze stations régionales de l'ARD (le France 3 allemand), mais aussi les télés autrichienne et suisse alémanique produisent un épisode à tour de rôle. Seules contraintes: l'histoire doit être «réaliste, vraisemblable» et basée sur un meurtre; le héros doit être un commissaire; et la couleur locale doit être marquée mais pas trop les dialectes régionaux, comme le bavarois, ne sont utilisés qu'avec parcimonie. Grâce à ce cahier des charges relativement souple, plus de 70 commissaires dont une femme et Schimanski, le flic crado de Duisbourg, aperçu à la télé française ont mené les enquêtes de Tatort. Et les scénarios, qui ne lésinent pas sur les faits de société, reflètent à leur manière l'évolution politique de l'Allemagne: de l'écologie des années 70, on passe à l'immigration et aux
sans-abri dans les années 80, puis à la criminalité en col blanc sans oublier, bien sûr, la réunification
du pays.
En guise de cerise su