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Libération

A cause des garçons

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publié le 27 novembre 2000 à 7h06

A Hébron, le mardi 21 novembre, les enfants ne jouent pas à la guerre, ils la font. Car la pluie qui ploie la démarche de ces cinq jeunes garçons est un orage d'acier : l'explosion d'une grenade lancée sur eux par des soldats israéliens pour répliquer à leurs jets de cailloux. Des pierres contre des fusils. On connaît cette antienne hautement symbolique qui psalmodie le conflit israélo-palestinien. David de Gaza contre Goliath de Tel-Aviv. Retournement de légende. Mais cette image est biblique à d'autres titres.

Même quand elle retombe monstrueusement en enfance, à Hébron aujourd'hui comme à Belfast hier, la guerre est éternellement une affaire d'hommes. Rien que des garçons.

Où sont les filles ? Sagement à l'école ? Terrorisées à la maison ? Qu'en pensent-elles, les adolescentes palestiniennes, de ces petits frères qui reconduisent la geste guerrière de leurs pères, voire, depuis le temps que ça dure, de leurs grands-pères ? On peut rêver qu'elles ne sont pas d'accord, qu'elles en ont marre de guetter en tremblant le retour des guerriers en Nike et blue jeans, assez des enterrements à grands cris. De l'autre côté, on sait qu'il y a des femmes dans l'armée israélienne. Tu parles d'un progrès ! Mais, entourloupe machiste maquillée en délicatesse, on sait aussi que dans ce conflit-ci comme dans les précédents, les femmes ne sont guère envoyées au front. Que craint-on ? Qu'une troufionne israélienne soit plus femme que soldat ? Qu'elle prenne un enfant palestinien dans ses bras ?