C'était l'événement médiatique de la semaine dernière: mercredi 22, Jean-Marie Messier se rendait pour la première fois au siège de Canal + pour y rencontrer les salariés de sa filiale, faire taire les rumeurs d'éviction de Pierre Lescure et d'Alain de Greef et mettre les points sur les i à propos de l'alarmante fusion Vivendi-Seagram-Canal +. Libération s'est procuré la cassette du raout (interdit à la presse), estampillée «Kanal Interne».
«Un rêve». Le film est un peu longuet (2 h 50). Les patrons de Vivendi et Canal + sont en chemise, sans cravate, Messier ayant probablement été avisé qu'il valait mieux se la jouer «hypercool» pour séduire les gens de Canal. Côté dialogues, c'est un peu faible aussi: «La première chose à laquelle je crois c'est au rêve, l'histoire de Canal depuis 1984, c'est un rêve», s'extasie Jean-Marie Messier; «On est le groupe multiculturel de ce monde métissé du siècle qui arrive» poursuit-il. Puis ça vire franchement au mélo, façon la Mélodie du bonheur sur les quais de Seine: «C'est pas une réunion anodine pour moi, parce que bon Dieu, c'est vrai, quand on regarde Canal depuis quinze ans, vous pouvez être fiers»; la voix de Messier se brise, l'oeil se mouille: «Je ne sais pas cacher mes émotions, et je me dis que le jour où je les cacherai, pire encore, le jour où je n'en aurai plus, c'est que je serai devenu un vieux con.»
Dans les trois salles où sont installés les personnels de Canal +, on se regarde un peu interloqués. A la sortie, un salarié d