Menu
Libération

Télé-scalpel

Article réservé aux abonnés
publié le 29 novembre 2000 à 7h14

L'heure est à la comptabilité. Partout, on énumère. Des bulletins de votes aux Etats-Unis, des vaches folles en Espagne, les troupes nazies en Allemagne. C'est le règne du solde de tout compte, des pinaillages ou des grands bilans, selon les cas et les pays. C'est l'heure d'hiver, froide comme un rapport, pénible comme des relevés bancaires. Et voilà qu'en Israël, lundi, on débattait angles de tir. L'armée avait convié le monde entier pour livrer ses conclusions sur la mort du petit Mohammed al-Dourra, abattu le 30 septembre dans les bras de son père, à Netzarim, et sous nos yeux planétaires: «Il est plausible qu'il ait été tué par des balles palestiniennes.» Deux mois plus tard, Tsahal contredit donc ses premières conclusions, en sortant ses cartons et en faisant ses comptes, elle aussi. A coup de croquis, de légendes «angle de tir de 45 °», «de 40 °», «de 60 °», de soustractions et d'images inédites. Le plus haut responsable de l'armée israélienne du secteur de Gaza n'est pas formel-formel, mais il suggère que, «verticalement, les balles ne pouvaient pas provenir du fortin [israélien], trop bas». Horizontalement, idem, les calculs ne sauraient mentir. C'est scientifique, fétide comme un rapport d'autopsie, une sorte de seconde mort, glaciale mais nécessaire pour comprendre, un truc de légiste, de morgue télévisée.

Alors, France 2, à l'origine des images qui nous ont tous tués, rediffuse l'instant. Mais aussi ces autres images, captées par une autre caméra, située, elle, der