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Libération
Critique

Kawabata, l'écriture et la mort

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«Un siècle d'écrivains: Kawabata, le maître des funérailles». France 3, 0 heure.
publié le 30 novembre 2000 à 7h18

Le documentaire d'Antigone schilling et Didier Deleskiewicz débute par une image d'apothéose: une silhouette chenue contre une robe rose au milieu d'hommes en habit noir. Yasunari Kawabata est le premier Japonais à recevoir le prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1968. Retour à la petite enfance avec une hécatombe pour commencement. Né à Osaka en 1899, il perd son père, un médecin, puis sa mère et sa soeur, suivis de peu par sa grand-mère. Une liaison précoce avec la mort qui laissera une empreinte mélancolique à son oeuvre, la fascination du néant. Il souhaita devenir peintre avant de reconnaître son talent pour l'écriture. «Il devint le principal représentant du mouvement d'avant-garde de l'école des néosensualistes, tournant résolument le dos au naturalisme prolétarien», explique son fils adoptif Kaori. Kawabata fut aussi le scénariste du film révolutionnaire de Teinosuke Kinugasa Une page folle (1926) qui influença Kurosawa et Ozu,(il tira un film de Tristesse et beauté). D'un traitement conventionnel sans être exhaustif, ce documentaire met en scène des passages des oeuvres les plus étranges de Kawabata (Illusion de cristal, Nuée d'oiseaux blancs, Récits de la paume de la main). Et rassemble des images d'archives où l'on voit l'auteur des Belles endormies parler de sa paresse, de son amour des animaux qui amena Bestiaires. Kawabata cornaqua Mishima dont il fut l'ami (leur correspondance vient de paraître chez Albin Michel). Il décida «d'arrêter de vivre» le 16 avri