Il y eut d'abord et surtout le roman de Nabokov, vertigineux, insensé. Puis le film de Kubrick (1962), risqué. Il était urgent de s'en tenir là. Mais non, Adrian Lyne a tenu à en remettre une couche en 1997, et ce fut le plantage que l'on sait. Pourquoi s'infliger ça? Deux cas de figure. Soit on n'a pas lu le Nabokov, et alors une visite chez son libraire sera plus opportune qu'une virée chez Lyne. Soit on l'a lu, et dans ce cas on peut s'offrir ce soir deux heures et quelque d'un plaisir particulièrement pervers: suivre pas à pas le naufrage d'un cinéaste qui passe à 100 km de son sujet. Il faudra d'abord serrer les poings très fort pendant un quart d'heure, car l'étendue du désastre nous est immédiatement révélée: Lyne s'embarque dans un exercice d'illustration du livre. De bien belles images, totalement à côté de la plaque. Là où l'écrivain déployait des trésors de littérature et d'ironie pour faire passer une histoire hors limites (la relation charnelle d'un homme mûr avec une très jeune fille), Adrian Lyne nous balance du roman-photo. C'est monstrueux. Mais bon, une fois bue cette coupe amère vient une certaine ivresse. Jusqu'à quelle profondeur Adrian Lyne va-t-il descendre dans son opération de récupération, puisqu'il apparaît clairement que ce Lolita II est une machine à recycler du soufre en recettes commerciales? Il ne s'agit pas ici d'un bête cynisme ricanant, mais d'un authentique intérêt pour une sorte d'exploit sportif. Ce n'est pas qu'Adrian Lyne soit un mauva
Critique
Lolita
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par Edouard Launet
publié le 2 décembre 2000 à 7h28
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