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Libération
Critique

Mauvais karma

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«Kampuchéa : chroniques rouge amer». La 5e, dimanche, 16 h 35.
publié le 2 décembre 2000 à 7h28

On le croyait magicien, faiseur de pluie. Le roi du Cambodge fut longtemps vénéré comme un dieu par les paysans de son pays. Ces Chroniques rouge amer, réalisées par Bruno Carette, Dominique Thiel et Christine Chaumeau, dressent un panorama complet des cinquante dernières années. Et brisent à jamais le mythe. Guerre, corruption, famine, génocide... Le peuple du Kampuchea ­ «dont le karma, paraît-il, ne guérit jamais» ­ a connu en effet toutes les malédictions. Le récit de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges est l'un des moments forts de ces chroniques de sang et de cendres, bercées par la voix de Joan Baez. La chape de plomb qui a succédé à la liesse populaire, avec de petits hommes en noir semant partout la terreur et des citadins sommés d'apprendre fissa que «le peuple khmer naît du grain de riz»... A défaut d'être particulièrement original,

ce 52 minutes a le mérite de débrouiller efficacement une situation politique complexe. Ainsi se dessine en creux l'itinéraire tortueux de Norodom Sihanouk, qui n'hésitera pas à signer un accord avec la Chine, à soutenir l'un

des camps dans la guerre du Viêt-nam tout en affirmant haut et fort la neutralité de son pays. Lucide Sihanouk: «Quand les Khmers rouges n'auront

plus besoin de moi, ils me cracheront comme un noyau de cerise.» On y voit enfin le corps sans vie d'un certain Pol Pot, responsable avec ses séides de la mort d'1,7 million de ses compatriotes. Un homme qui ­ l'aveuglement n'a pas de limites ­ fascine encore aujou